pont gelé

En mer rien n'est jamais acquis et ce n'est pas parce que l'on approche du but que  l'aventure  est terminée . Tara et son équipage ont subi un coup de vent , Jean nous raconte en direct : 

" 40 noeuds de vent…..
A 300 milles du détroit de Belle-Ile, entrée Nord du Saint Laurent, nous encaissons 40 noeuds de vent bien établi.
Enfin, le bateau encaisse, a l'intérieur de Tara, le repas fut enjoué et on a qu'une idée vague de la force du vent.
Bien sur de temps en temps une vague vient se fracasser sur les vitres bombées de la goélette, bien sur une embardée fait que l'on retient son verre, mais globalement tout est relativement paisible dans le bateau.
Dès que l'on monte dans la passerelle par contre on découvre une mer en furie, blanchie par un vent furieux de 40 noeuds.
La mer est bien ordonnée ce qui facilite le passage du bateau qui tangue très peu, glisse entre les vagues et n'est bousculé que par quelques grosses déferlantes facétieuses.
Tout semble facile pour ce bateau de l'extrême, il parait indestructible, et file avec très peu de gite sur bâbord.
Le bateau est sous deux grands voiles avec un ris et la trinquette….on est limite à prendre le deuxième ris, le vent monte par moment à 45 noeuds.
Le bateau file à plus de dix noeuds à 70 degrés du vent.
Si on veut aller sur le pont, là toute la force des éléments rend la ballade acrobatique.
Malgré tout Marc décide de changer la soie de la CPR, le continious plancton recorder qui traine derrière le bateau depuis le départ de Nuuk.
Dehors c'est la guerre, les marins hurlent pour se faire entendre, les embruns volent, la mer fume dans le sillage.
Non l'expédition n'est pas finie, la mer peut réserver encore des surprises jusqu'a Lorient.
L'enjeu est de rentrer dans le Saint Laurent avant un coup de vent de sud Ouest prévu pour le 1er Novembre.
Alors tous les miles gagnés vers le Sud sont bons à prendre et à cette vitesse on va y arriver.
Ce matin des Globicéphales nous ont fait un ballet pendant la prise de ris.
Vincent a pu filmer la prise de ris et les globicéphales.
Certains pensent qu'en mer il n'y a rien à faire, pourtant les journées filent à toute vitesse.
L'esprit est tout le temps aux aguets, cherchant à identifier les bruits, les mouvements du bateau.
On regarde la mer on essaye de sentir si cela va mollir ou forcir, si les voiles sont bien réglées, si la vitesse correspond à l'allure..
Bien sur on est aidé par des tas d'appareils électroniques, par des fichiers météo qui donnent force et direction du vent toutes les 3 heures.
Martin, le capitaine, est à l'écoute du bateau et de son équipage.
Il n'arrête pas d'aller, de venir, tous les sens tendus….
Soudain, bien après le repas du soir, quand tout le monde, sauf ceux de quart et Martin, est déjà dans sa bannette, un énorme fracas fait trembler tout le bateau,et nous bouscule dans notre sommeil.
Tout le monde arrive à la passerelle bientôt encombrée.
Martin déjà équipé à éclairé le pont, et avec François, Vincent et Baptiste vont vérifier le pont .
On abat en grand pour que les mouvement du bateau se calment, et que les hommes ne risquent rien sur le pont.
Le choc à été très violent sur bâbord, j'ai cru que l'on heurtait quelque chose, ou que la trinquette avait explosé…
Tout le monde est un peu sonné par ce coup de semonce.
Ils s'activent sur le pont pour tout remettre en ordre.
Une énorme déferlante à balayé le pont, tordant au passage la plaque qui couvre le guideau, explosant le ber
du pneumatique bâbord, tordant les batayolles, déssoudant un support de jerrican et déroulant le yankee dont la chute semble avoir souffert.
C'est incroyable la force de la mer.
Comment cette vague a-t-elle pu tordre cette tôle renforcée à 30 degré?
Comment a-t-elle pu détacher le bout de l'enrouleur qui était tourné sur un taquet??
Non décidément, l'expédition n'est pas finie, la mer peut nous réserver bien des surprises d'içi Lorient.
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