Poursuivant ses interviews, Annie a rencontré  Madame Flahault 

        

            Les souvenirs de madame Flahault

          Le Port-Navalo d’hier, et même d’avant-hier…celui que nous n’avons pas connu, celui de nos parents, ou grands-parents. Au début du 20ème siècle !

Pour remonter le temps et découvrir le Port-Navalo de cette époque, nous allons, dans  les pages qui suivent, laisser parler une autre ʺfigure localeʺ, un personnage sympathique et chaleureux qui se souvient avec bonheur de ce village où ses parents ont pris racine en quelque sorte peu de temps après la première guerre. Madame Flahault. Elle s’est volontiers prêtée au petit jeu de l’interview  que je lui ai ʺimposéʺ au cours des deux après-midis où nous avons discuté, échangé nos souvenirs, parfois …

J’ai commencé par poser quelques questions, puis j’ai très vite compris qu’il était préférable de l’écouter dévider le fil de sa mémoire…

Madame Flahault dite Pomme

       Tout  le monde la connaît sous ce charmant  ʺpetit nomʺ de Pomme. Son vrai prénom est Marguerite. Mais dans sa famille il y avait beaucoup de ʺMargueriteʺ, des tantes, des cousines…Et puis Marguerite, elle n’aimait pas !  Alors quand un jour quelqu’un l’a appelée Pomme, elle a immédiatement adopté ce second prénom.

Elle est née en 1920 et est venue pour la première fois à Port-Navalo avec ses parents en 1922.

L’Hôtel Boris

       Pour faire le lien avec les souvenirs de M. Duport et Mme Le Page, je lui demande de me raconter ʺson hôtel Borisʺ à elle. En fait, elle a peu de choses à en dire. Pour elle et sa famille, les gens qui fréquentaient l’établissement étaient des ʺhuilesʺ (dixit) ʺdes gens avec lesquels on n’avait pas de contact, on n’avait pas besoin d’eux et réciproquementʺ.

       Elle se souvient que les clients de l’hôtel étaient ʺhabillésʺ. Les hommes portaient des chapeaux mous. Elle se rappelle aussi Henriette qui cultivait le jardin, un beau terrain dans lequel il y avait tout. Concernant Mme Boris, elle confirme qu’elle avait la réputation d’une personne dure en affaires.

Un grand sourire illumine le visage de Pomme quand elle évoque la grosse brassée de lilas blanc que Mme Boris lui a fait livrer le jour de son mariage. Elle la tenait à la main quand elle est sortie de l’église.

Elle a épousé François Flahault, et au sujet des fils Flahault,  voilà ce qu’elle ajoute malicieusement : ʺIls étaient six garçons chez les Flahault ; comme ils avaient un bateau toutes les filles leur tournaient autour !ʺ

 

Souvenirs de la petite enfance

      Quand elle était petite, elle passait les trois mois des vacances d’été dans une modeste maison au bord de la rade, en face de l’hôtel de Rhuys, sur un bout de falaise qui surplombe la mer. Maisonnette au sol de terre battue, sans aucun confort, ni eau, ni électricité.  Pour faire la cuisine on ne disposait que d’un petit réchaud et pour alimenter le feu de cheminée on y jetait des aiguilles de pin. Les parents laissaient aux enfants une grande liberté. Trois mois de bonheur.

Pour venir à Port-Navalo ou en repartir dans les années qui ont précédé la seconde guerre (1930-1938), les seuls moyens de transport étaient le bateau ou le petit train. ʺOn quittait Port-Navalo dans les premiers jours d’octobre, souvent le 4,  (notons ici la précision du souvenir !) juste avant la rentrée des classes. On nous réveillait à quatre heures du matin. On était vêtus de grandes capes, car à cette saison et à cette heure, il faisait un froid de canard. On nous calait, nous les enfants, contre la cheminée du bateau pour qu’on n’attrape pas froid.

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On débarquait à Conleau et pour rejoindre la gare de Vannes, on prenait un fiacre. La  malle des vacances était attachée à l’arrière du fiacre. Même chose à l’aller entre la gare et Conleau.  Quand on empruntait le petit train, le folklore était autre. Souvent il s’arrêtait dans les villages pour peu qu’il y ait une noce. On stoppait la machine pour remettre de l’eau dans la locomotive.  Les enfants en profitaient pour descendre se dégourdir les jambes et donner à boire aux animaux. J’avais une tortue et une perruche qui faisaient le voyage des vacances à qui je donnais un peu à boire à cette occasionʺ.

 

Port-Navalo : d’où vient ce nom ?

                                                                                                               

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         Coïncidence amusante : je demande à Pomme si elle sait d’où vient l’appellation de ce village tout au bout de la Presqu’île de Rhuys, à l’entée du Golfe, qui s’étire le long d’une baie abritant un port. Rien à voir avec le vocabulaire de la mer, la marine, la construction des navires. Inutile de chercher du côté de chantiers navals quelconques…. il est question de pommes, justement !

Elle me confirme ce qu’on peut apprendre à bord des Vedettes qui dès les beaux jours emmènent des vagues de touristes  visiter le Golfe.

 An aval signifie  ʺla pommeʺ en breton.  Avalou est le pluriel du mot. La langue bretonne, suivant le ʺterroirʺ sur lequel elle est parlée, subit des modifications vocaliques et le ʺouʺ se transforme enʺ oʺ.

Mais Pomme ajoute ceci : selon certains, il s’agirait plutôt d’une allusion aux  pommes de terre envoyées par bateaux  en provenance de Houat. (Pour la ʺpomme de terreʺ il faudrait rajouter douar en breton. An aval douar au singulier, avalou douar au pluriel)

Quoi qu’il en soit, Port-Navalo serait donc bien le port aux pommes.

Au dire de Pomme j’ajouterai ceci. Souvenons-nous de la légende arthurienne. Le Roi Arthur est enterré en l’île d’Avallon, une terre plantée… de pommiers ! Les Britanniques le réclament sur leur grande île, mais qui sait si sa tombe n’est pas chez nous finalement, sur une île dans le Golfe ou sur le territoire de notre commune? Affaire à suivre…Avis aux amateurs de fouilles archéologiques !

                                                                                               

                                                                                                                
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                                           à suivre  les Souvenirs de Madame Flahault...

 

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