Le « Félicien Glajean », vedette du sauvetage en mer

La vedette de la SNSM d'Arzon, basée au port du Crouesty, participera samedi à une cérémonie de bénédiction et d'hommage aux disparus en mer. Elle porte chaque année secours à plus de 50 bateaux.

Nuit et jour, elle veille dans le port du Crouesty, prête à affronter la mer avec son équipage pour secourir les navires en difficulté. La vedette première classe de 15 mètres, insubmersible et autoredressable, appartenant à la SNSM d'Arzon, peut affronter toutes les conditions.

Max Jacobée, président de la station SNSM d'Arzon depuis 32 ans, présente ce bateau emblématique et la réalité du métier de sauveteur en mer.

Jamais de routine

Ils sont 13 membres d'équipage à braver les tempêtes, grâce aux 900 chevaux du Félicien Glajean. Canotiers, mécaniciens, radios ou patrons, ils secourent chaque année près de 200 personnes en baie de Quiberon ou à l'entrée du Golfe du Morbihan. « On peut être appelé à tous moments, par alarme, téléphone ou biper, et on doit être là en moins de 15 minutes. Même en pleine nuit, il faut sauter dans ses bottes pour appareiller au plus vite », raconte Max Jacobée.

De l'appel inquiet à l'avarie, en passant par la panne moteur ou la blessure sur l'eau, les interventions varient. « On ne sait jamais ce qu'il y a au bout, il faut être prêt à tout. » Il touche du bois. Son équipage, qui prend souvent beaucoup de risques, a toujours été épargné.

Un milieu hostile

La dernière intervention en date : vendredi 7 août, une fausse alerte finalement. Le permis ne fait pas toujours le marin, et la région peut être dangereuse avec ses vents instables et ses courants.

« Nous ne sommes pas policiers, on ne juge pas les situations, même si nous avons parfois du mal à comprendre les comportements imprudents, voire inconscients. Nous avons de plus en plus une obligation de résultats, en plus d'une obligation de moyens, donc nous sommes parfois obligés de lancer la cavalerie. »

Bien qu'un remorquage soit facturé entre 600 et 700 €, cela ne suffit pas à couvrir les dépenses. La vedette, qui a coûté 800 000 € à son achat en 2003, demande 30 000 € d'entretiens annuels. Un besoin de financement qui peine à être couvert par les 400 adhérents de la commune d'Arzon, sur les 2 200 bateaux aux mouillages. Les bénévoles, eux aussi en nombre limité, sont donc contraints de passer du temps à la recherche de fonds, en plus du sauvetage.

La passion de la mer

Pour accepter des conditions de travail souvent compliquées, les sauveteurs bénévoles ont tous la mer chevillée aux corps. Max Jacobée l'a dans le sang, comme son goût pour aider les autres. « On ne gagne rien à la SNSM, sauf des ennuis! Il faut donc vouloir y consacrer sa vie, même si le positif l'emporte toujours sur le reste et qu'il y règne un vrai esprit de camaraderie. »

Lui aura bien du mal à raccrocher. S'il ne navigue plus en intervention depuis sa 65e bougie, il est toujours prêt à sauter à bord au pied levé. « Ca me manque de moins naviguer mais la réglementation veut ça, et il faut laisser la place aux jeunes volontaires. » Quand on l'interroge sur ses succès, il reste modeste. À la SNSM, la vedette, ce n'est jamais que le bateau.

Samedi, à 10 h 30, le Félicien Glajean hissera le grand pavois, en compagnie de 50 bateaux, devant la chapelle du Crouesty, et jettera une gerbe en hommage aux marins disparus.