Ils veulent donner des ailes au Rebelle
À 34 ans, Camille Carrée est l’heureux propriétaire du Rebelle, un voilier de 10 mètres qu’il a entièrement retapé entre 2012 et 2016. Avec sa compagne Aurélie, il va lancer une activité de formation à la navigation au Portugal et dans le Morbihan. La concrétisation du projet de sa vie.
Camille Carrée a tout du gendre idéal. Un physique d’athlète, une belle gueule, un caractère d’ange et un sourire à faire chavirer le cœur des demoiselles. Justement, celui d’Aurélie n’y a pas résisté, en 2014, lors de leur rencontre. À tel point qu’elle a plaqué son job, ses proches et sa région lyonnaise pour rejoindre son Roméo en Bretagne, où il avait entrepris, depuis trois ans, de mener à bien le projet de sa vie.
Né à Saint-Brieuc d’un père passionné par la voile, Camille garde en mémoire une enfance passée à naviguer dans les eaux du Golfe du Morbihan, là où il a grandi. « Ce sont des souvenirs de bonheur intense. Les cheveux au vent, le bruit des vagues… Ces sensations m’ont marqué à vie. Quand tu y mets un pied, tu n’en sors plus jamais », confie le jeune homme de 34 ans. Le pied marin et la tête sur les épaules, Camille Carrée était prédestiné à voguer sur l’eau. D’une manière ou d’une autre. Son fort penchant pour la compétition l’a notamment mené jusqu’aux championnats du monde de Laser, en 2000. Et aux portes de la prestigieuse Solitaire du Figaro en 2011, finalement restées closes, faute de soutien financier. « Ça m’a tellement foutu les boules de ne pas trouver de sponsors que j’ai tout arrêté. J’en avais marre de dépendre d’eux », témoigne le skipper. « Ça a été le point de départ de mon nouveau projet professionnel bâti sur le partage de ma passion ».
J’ai déboursé 40 000 €… pour une épave
Ce changement de cap l’amène alors à investir dans un bateau de 10 mètres appartenant à l’école de voile Les Glénans, à Concarneau. « J’avais flashé sur un modèle Glénans 33 dessiné par Olivier Petit, l’architecte du voilier qui a remporté le premier Vendée Globe en 1990 (Titouan Lamazou sur Écureuil d’Aquitaine II, NDLR) », précise Camille Carrée. « Le problème, c’est que j’ai déboursé 40 000 €… pour une épave. Je savais qu’il était en mauvais état, mais pas à ce point-là. Les petits matelots de l’école de voile l’avaient bien malmené. Ça a été la douche froide car il ne valait même pas la moitié de ce que j’ai déboursé ».
Des nuits entières dans un hangar
Qu’importe, le mal est fait. Et le jeune homme n’est pas du genre à baisser les bras. Alors il retrousse ses manches pour redonner vie au Rebelle. Jour et nuit. Jusqu’à dormir dans le hangar où il rénove son précieux voilier, à Paimpol (Côtes-d'Armor). « Ça m’a demandé un énorme investissement personnel. Avec une équipe d’artisans, on a passé 7 500 heures à le restaurer de A à Z, entre 2012 et 2016, pour un budget de 60 000 €. Pour financer ces travaux, j’ai bossé comme maître-nageur et coach de course au large ». Entre-temps, sa douce l’a rejoint en Bretagne pour échafauder leur future activité de formation à la navigation sur voilier habitable. « Grâce à mes études de web et communication, je l’ai aidé à créer un site internet et à se déployer sur les réseaux sociaux. Depuis novembre 2017, on est concentré à 100 % sur ce projet », souligne Aurélie.
L’idée est d’apprendre à nos stagiaires à gérer leur fatigue et leur stress
Gardé au chaud dans un chantier naval de Larmor-Plage (Morbihan), Le Rebelle retrouvera son milieu naturel à la rentrée 2018. Avant de prendre la direction du Portugal, où le jeune couple établira une partie de ses formations. « Nous profiterons du merveilleux terrain de jeu qu’offre la région de l’Algarve, au sud du pays, pour accueillir nos premiers stagiaires durant l’hiver et le printemps. Le reste de l’année, nos sessions se tiendront dans le Morbihan, au port du Crouesty à Arzon ou à Lorient », détaillent les deux marins.
Leur cœur de cible : des plaisanciers francophones, amateurs ou confirmés, souhaitant se former à la navigation au côté de Camille, un expert en la matière. « Les sessions dureront entre cinq et treize jours, moyennant 700 à 1 400 € par personne. On partira parfois 48 heures en mer. L’idée est d’apprendre à nos stagiaires à gérer leur fatigue et leur stress. Faire le tour du monde en famille sur un voilier ne s’improvise pas, il faut être préparé », insistent Camille et Aurélie. Déterminé à transmettre son savoir-faire et sa passion, le couple breton a également lancé une campagne de financement participatif avec laquelle il espère collecter 12 500 € pour acquérir des voiles. Et ainsi donner des ailes au Rebelle. Et lever l’ancre pour de bon.